17 May 2025
Sport/Formule 1 : l’Afrique appuie sur l’accélérateur pour accueillir un Grand Prix

Sport/Formule 1 : l’Afrique appuie sur l’accélérateur pour accueillir un Grand Prix

Alors que la Formule 1 s’est étendue à tous les continents sauf un, l’Afrique s’active en coulisses pour faire revenir le prestigieux championnat sur ses terres. Afrique du Sud, Rwanda, Maroc : la bataille est lancée pour décrocher un Grand Prix et inscrire le continent noir dans la géopolitique du sport automobile mondial.

Longtemps absente des radars de la Formule 1, l’Afrique veut faire entendre sa voix sur le circuit mondial. Alors que le continent est le seul à ne pas figurer au calendrier du championnat, plusieurs pays, emmenés par l’Afrique du Sud, le Rwanda et le Maroc, se mobilisent pour décrocher une étape du prestigieux championnat automobile.

L’enjeu est aussi symbolique que stratégique : offrir à la F1 un vrai ancrage africain et affirmer l’ambition sportive et économique d’un continent en pleine mutation. Dans cette lutte pour faire entendre sa voix, le continent bénéficie du soutien d’un défenseur de taille en la personne de Lewis Hamilton, septuple champion du monde. « On ne peut pas ajouter des courses partout et continuer à ignorer l’Afrique », a-t-il jugé en août 2024.

L’Afrique du Sud remet Kyalami en piste

Première sur la grille de départ de cette course diplomatique et technique : l’Afrique du Sud. Le pays, qui a déjà accueilli un Grand Prix de Formule 1 en 1993 sur le légendaire circuit de Kyalami, souhaite retrouver sa place dans l’élite du sport automobile. Portée par le soutien du ministre des Sports Gayton McKenzie et par l’engagement d’un comité d’organisation actif, la candidature sud-africaine mise sur deux options : rénover le circuit historique de Kyalami, certifié Grade 2, ou proposer un tracé urbain spectaculaire au Cap. Le verdict est attendu au troisième trimestre 2025. Dans un contexte où la F1 cherche à élargir son empreinte mondiale, l’Afrique du Sud mise sur l’histoire, la passion locale et l’aura de Jody Scheckter, seul champion du monde africain (1979), pour convaincre.

Le Rwanda mise sur la modernité et la stabilité

Mais la nation arc-en-ciel ne fait plus cavalier seul. Le Rwanda, nouveau venu dans le monde des grands événements, avance à grande vitesse dans le sillage de sa politique d’ouverture et de son image de stabilité. Kigali, soutenue par des partenariats avec des géants du sport comme la NBA, Arsenal ou le PSG, a engagé des discussions avec la direction de la F1. Le président Paul Kagame, présent lors du GP de Singapour en 2023, voit dans cet événement une opportunité pour renforcer la notoriété de son pays. Doté d’un aéroport international flambant neuf, d’un cadre sécurisé et d’une croissance économique robuste, le Rwanda veut démontrer qu’il peut accueillir la Formule 1 avec des standards mondiaux. Le pays pourrait être le choix du futur, même si, à court terme, l’absence d’un circuit homologué reste un frein.

Le Maroc veut jouer sa carte avec Tanger

En embuscade, le Maroc entend bien ne pas rester à l’écart de cette dynamique continentale. Le royaume, fort de son expérience en Formule E à Marrakech, planche sur un ambitieux projet de circuit permanent aux standards de la F1 à Tanger, ville stratégique du nord du pays. Si le Maroc a accueilli un unique Grand Prix en 1958 sur le circuit d’Aïn Diab à Casablanca, les conditions techniques et logistiques ne suivaient pas pour intégrer durablement le calendrier. Aujourd’hui, la donne change. Le circuit Moulay El Hassan de Marrakech, utilisé en Formule E, demeure trop court (2,8 km), mais les autorités semblent prêtes à investir dans une infrastructure majeure. Avec la Coupe du monde de football 2030 en perspective et un positionnement géographique attractif, le Maroc dispose de solides arguments pour séduire Liberty Media, propriétaire des droits commerciaux de la F1.

Des défis, mais un réel appétit africain

Pour la Formule 1, absente d’Afrique depuis 1993, l’enjeu dépasse la simple organisation d’une course. C’est une question de légitimité pour une discipline qui se veut mondiale mais qui n’a encore jamais posé durablement ses roues sur un continent en pleine transformation. Toutefois, organiser un Grand Prix de F1 n’est pas une mince affaire : coût des droits commerciaux, normes FIA, infrastructures de niveau mondial, logistique complexe. A cela s’ajoutent des facteurs multiples : géopolitique, logistique, économie, diplomatie sportive. Rien de bien compliqué pour les prétendants africains, à première vue.

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