Dans un communiqué rendu public ce mardi 14 mai 2024 par la Ministre des Mines, le gouvernement Congolais a mis un embargo contre le Rwanda pour mettre un terme à l’exploitation minière illicite au Nord Kivu.
Selon les autorités congolaises, les minerais extraits, acheminés à Goma, ne peuvent être vendus, car ils ne sont pas tagués par le système de traçabilité en raison de leur origine illicite. Pour contourner cette difficulté, les vendeurs utilisent une route alternative passant par Rubaya, Mushake et ensuite vers le Rwanda ou l’Ouganda pour traitement et exportation. Une fois au Rwanda, ces minerais sont tagués et vendus normalement à l’international, d’après les mêmes sources.
« Aussitôt établi dans cet espace, le M23 y a tenu une grande réunion avec tous les creuseurs et négociants [y compris des femmes enceintes et enfants], les autorisant à poursuivre l’exploitation artisanale. Ils achètent les minerais produits, les entreposent dans leurs grands dépôts de Mushaki, avant de les acheminer au Rwanda » fustige le gouvernement Congolais.
Selon la ministre, Mme Antoinette N’samba Kalambayi, le Rwanda, via son bras armé M23, a intensifié les attaques contre Rubaya, désormais sous le contrôle de l’armée rwandaise. Ainsi, dit-elle, le M23 a autorisé la poursuite de l’exploitation artisanale, imposant une taxe unique de 3 000 $/tonne de coltan et 2 000 $/tonne de cassitérite, avec paiement à Kigali après-vente.
La ministre a révélé que le M23 intensifie l’exploitation minière, y compris par des femmes enceintes et des enfants. Toujours selon elle, le Rwanda a opté pour une stratégie de diversion, suspendant temporairement l’exportation des produits miniers pour éviter une hausse des statistiques d’exportation.
Rappelons que le 22 avril 2024, les cabinets internationaux d’avocats Amsterdam & Partners LLP et Bourdon & Associé, mandatés par le gouvernement de la RDC, avaient publié un rapport dénonçant l’exploitation illégale des minerais dans le pays, intitulé « Minerais de sang – Le blanchiment des 3T de la RDC par le Rwanda et des entités privées ». Ce document révèle de graves violations des droits humains dans les régions minières de la RDC et souligne la complicité silencieuse de la communauté internationale face aux massacres dans l’est du Congo.