Le célèbre cinéaste iranien Mohammad Rasoulof ne participe pas au 77ᵉ festival de la Cannes. Il sera très loin de monter les marches du Palais le 14 mai prochain. Alors que son dernier film sera projeté à Cannes, celui-ci a été condamné à une peine de cinq ans de prison par un tribunal iranien pour « collusion contre la sécurité nationale », a annoncé mercredi 8 mai son avocat.
Le réalisateur, plusieurs fois primé dans des festivals internationaux, a également été condamné à des coups de fouet, une amende et la confiscation de ses biens, a précisé Me Babak Paknia dans des messages postés sur X. Son avocat a indiqué que le tribunal avait prononcé une peine de prison de huit ans, dont cinq ans applicables, et que ce jugement avait été confirmé en appel à une date qui n’a pas été précisée. Le 77ᵉ Festival de Cannes, qui débute le 14 mai, a sélectionné le nouveau film de Mohammad Rasoulof, La Graine de la Figue Sacrée.
Le 30 avril, Me Paknia a affirmé que les autorités avaient convoqué des membres de l’équipe du film pour les interroger et qu’ils avaient subi des pressions pour retirer le film des compétitions internationales. Mohammad Rasoulof, 52 ans, avait été arrêté en juillet 2022 pour avoir encouragé des manifestations déclenchées après l’effondrement d’un immeuble ayant fait plus de 40 morts en mai dans le sud-ouest de l’Iran. Après ce drame, un groupe de cinéastes iraniens qu’il menait avait publié une lettre ouverte appelant les forces de sécurité « à déposer les armes » face à l’indignation nationale contre « la corruption » et « l’incompétence » des responsables. Il avait ensuite été libéré à titre temporaire pour raisons de santé en janvier 2023 et interdit de quitter le territoire.
Cette libération temporaire était intervenue alors que l’Iran était secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans, à la suite de son arrestation par la police des mœurs pour violation présumée du code vestimentaire pour les femmes. Mohammad Rasoulof a été lauréat du prix Un Certain Regard à Cannes en 2017 pour Un homme intégré, l’histoire d’un homme à la vie simple qui tente de se battre contre les manœuvres malhonnêtes d’une compagnie privée poussant des villageois à vendre leurs biens . Il a ensuite reçu l’Ours d’or du festival de Berlin en 2020 pour Le diable n’existe pas, une réflexion sur le libre arbitre et le devoir de désobéir.
Interdit de sortie du territoire iranien, il n’avait pas pu recevoir son prix, ayant été condamné l’année précédente à un an de prison pour « propagande contre le système » après son film Un homme intégré.