Un tribunal tunisien a augmenté la peine d’emprisonnement pour “apologie du terrorisme” à 15 mois de prison ferme en appel pour Rached Ghannouchi, le chef emprisonné du parti Ennahdha, le principal parti d’opposition en Tunisie. Ghannouchi, âgé de 82 ans, purge déjà une peine de prison depuis avril dans une autre affaire. La condamnation initiale de Ghannouchi à un an de prison et à une amende d’environ 300 euros a été confirmée en appel en mai 2023.
Cette condamnation est le résultat d’une plainte déposée par un syndicat de policiers concernant des déclarations que Ghannouchi avait faites au début de 2022 lors des funérailles d’un responsable d’Ennahdha, où il avait déclaré qu’il “ne craignait ni les puissants ni les tyrans”, se référant ainsi aux policiers.
Ennahdha a déclaré que ces accusations étaient sans fondement et que le terme “tyran” avait été sorti de son contexte. Le parti a également critiqué le jugement en appel, affirmant qu’il illustre la subordination du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif et son harcèlement des opposants politiques.
Rached Ghannouchi est la principale figure de l’opposition face au président Kais Saied, qui a pris le pouvoir en juillet 2021 et a établi un régime ultra-présidentiel en révisant la Constitution. Ghannouchi a été impliqué dans plusieurs enquêtes, y compris des allégations d’envoi de jihadistes en Syrie et en Irak, ainsi que des soupçons de blanchiment d’argent.
Il est actuellement en détention depuis avril après avoir averti publiquement d’un risque de “guerre civile” en Tunisie si les partis de gauche et les partis issus de l’islam politique, comme Ennahdha, étaient éliminés. Plus de vingt opposants, hommes d’affaires et personnalités ont été emprisonnés depuis février sous l’accusation de “complot contre la sécurité intérieure” selon Kais Saied.
La dernière arrestation en date est celle de l’opposante Abir Moussi, cheffe du Parti destourien libre, un mouvement nostalgique des dictatures de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 lors de la révolution qui a marqué le début du Printemps arabe.
Monica Mbaye